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  1. Cette privatisation a d’autres effets encore : l’argent public est mis au service du déploiement d’offres qui ne lui bénéficient pas. Le service public ainsi démantelé n’est sollicité alors que pour compenser les défaillances des services privés, sans plus de possibilité de péréquation (ce qui est rentable est vendu au privé, ce qui ne l’est pas est abandonné, selon la règle bien libérale de la privatisation des bénéfices et de la socialisation des pertes). “La hiérarchie entre intérêt général et intérêt particulier (…) est bousculée”,

    Le risque est bien sûr celui d’une perte de souveraineté et de maîtrise technique, à terme, mais plus encore, le risque d’une dissolution du sens public lui-même dans des logiques de surcontrôle et de réduction des coûts.

    La privatisation avance sur le délabrement du secteur public. Il repose sur un mythe jamais démontré, à savoir que le privé ferait mieux que le public. On a surtout déployé dans le public de faux critères de qualité qui cachent surtout de simples recherches d’économies (c’est-à-dire des indicateurs de productivité !), à l’image des nombreux indicateurs qu’on y produit. Or, par nature – faut-il le seriner encore et encore ! – tout indicateur est biaisé

    L’Etat paie deux fois : “La première pour que des cabinets l’incitent à rogner les budgets, la seconde pour que ces mêmes cabinets l’aident à suppléer les carences qu’ils ont eux-même contribué à organiser”.
    https://hubertguillaud.wordpress.com/...merique-arme-de-privatisation-massive
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  2. Les pro­messes d’un numé­rique plus juste, plus fra­ter­nel, plus res­pon­sable, plus équi­table, plus éthique, plus inclu­sif, plus démo­cra­tique, plus fru­gal… existent, mais demeurent mar­gi­nales, anec­do­tiques ou spé­ci­fiques (c’est-à-dire peu repro­duc­tibles). Il y a des pro­jets numé­riques hors capi­ta­lisme numé­rique, oui, mais ils sont et demeurent mineurs et sous-financés.

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    « Les tech­no­lo­gies numé­riques ne sont pas réap­pro­priables, car elles sont le fruit d’une socié­té de masse, d’ex­perts, consti­tuée de rap­ports de domi­na­tion et d’ex­ploi­ta­tion, d’in­fra­struc­tures com­plexes et gigan­tesques dont les citoyens ne peuvent qu’être dépos­sé­dés : on ne met­tra pas des cen­trales nucléaires en auto­ges­tion, de même qu’on n’im­pli­que­ra pas les citoyens de manière « par­ti­ci­pa­tive » dans l’ex­ploi­ta­tion d’une mine au Congo (…) Le logi­ciel libre n’est qu’une moda­li­té de déve­lop­pe­ment infor­ma­tique et de licence de dif­fu­sion, il ne remet pas en cause la recherche d’ef­fi­ca­ci­té, la ratio­na­li­té ins­tru­men­tale qui sont au fon­de­ment des tech­no­lo­gies numé­riques ».

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    Il me semble effec­ti­ve­ment que nous devrions réflé­chir pro­fon­dé­ment à ce qui ne doit pas être numé­ri­sé, à ce qui ne doit pas être trans­for­mé en chiffre, en cal­cul, en sur­veillance. Nous devrions défi­nir des ter­ri­toires où l’in­for­ma­tique ne devrait pas péné­trer. Reste qu’il est dif­fi­cile de savoir les­quels et com­ment. Nous voyons bien que nous devrions tou­jours cher­cher à sépa­rer les pou­voirs plu­tôt que les intri­quer plus avant, or, par nature, le numé­rique faci­lite leur confu­sion. Le prin­cipe même de croi­se­ment de bases de don­nées, d’ac­cès dis­tants, faci­lite des accès qui devraient res­ter étanches.

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    Nous déployons des sys­tèmes qui traquent la fraude sociale des plus dému­nies, avec tou­jours plus de rigueur, mais pas de sys­tèmes qui traquent l’é­va­sion fis­cale. En France, le contrôle fis­cal aurait même recu­lé alors que le contrôle social lui s’est inten­si­fié et depuis 2016, il y a plus de condam­na­tions pour fraude sociale que pour fraude fis­cale, alors que la fraude est esti­mée entre 1 à 10 mil­liards d’euros d’un côté contre au moins 100 mil­liards de l’autre. Pour­quoi ne fai­sons-nous pas des sys­tèmes qui aident les gens à récla­mer les pres­ta­tions sociales aux­quelles ils ont droit plu­tôt que des sys­tèmes qui sur­veillent au cen­time près les pres­ta­tions qu’ils touchent ? Pour­quoi ne déve­lop­pons-nous pas des mesures pour auto­ma­ti­ser les aides plu­tôt que de consta­ter le déve­lop­pe­ment du non-recours — qu’on estime en moyenne à 30% selon le Secours catho­lique ?

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    Plus les chiffres sont nom­breux, plus ils sont cal­cu­lés et donc appré­ciés depuis des cas­cades de cal­culs, plus la pré­ci­sion qu’ils sont cen­sés affi­ner devient pro­blé­ma­tique. Pour cal­cu­ler les moyennes des élèves on addi­tionne des notes de math et de sport, selon des appré­cia­tions dif­fé­rentes selon les filières aux­quels ils appar­tiennent, selon des cri­tères qui n’ont rien de com­mun, pour­tant ces moyennes qui mélangent donc les tor­chons et les ser­viettes, pro­duisent des résul­tats sco­laires qui pro­duisent des pos­si­bi­li­tés d’af­fec­ta­tion ou non dans le supé­rieur… et déter­minent des vies.

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    ce que le numé­rique opti­mise, ce sont des gains de pro­duc­ti­vi­té. L’au­to­ma­ti­sa­tion s’im­pose sous les coups d’un colo­nia­lisme comp­table, d’une poli­tique éco­no­mique d’aus­té­ri­té, de rigueur, hos­tile à l’ad­mi­nis­tra­tion et aux citoyens. Telle qu’elle est pra­ti­quée, elle érode les droits des admi­nis­trés, elle ne pro­duit pas la neu­tra­li­té et l’im­par­tia­li­té atten­due, parce qu’elle est avant tout mise en place pour réduire le nombre de béné­fi­ciaires depuis des méthodes de cal­cul qui n’ont pas tou­jours l’ob­jec­ti­vi­té scien­ti­fique qu’on devrait attendre d’elles, qui fonc­tionnent sou­vent à par­tir d’in­for­ma­tions erro­nées, inexactes et incom­plètes… trop sou­vent indif­fé­rentes aux pré­ju­dices cau­sés à ceux qui ont été faus­se­ment calculés.

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    Les sys­tèmes tech­niques ne sont pas neutres. Le capi­ta­lisme et le néo­li­bé­ra­lisme les ont inves­tis pour y déve­lop­per leurs logiques. Nous sommes cer­nés par des sys­tèmes néo­li­bé­raux aug­men­tés par le numé­rique et les sys­tèmes numé­riques de gauche sont inexis­tants.

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    Nous entrons dans une forme d’hys­té­ri­sa­tion du cal­cul, un véri­table délire cal­cu­la­toire où la com­plexi­té — au détri­ment de l’ex­pli­ca­bi­li­té, de la sim­pli­ci­té, de la trans­pa­rence et sur­tout de l’é­qui­té ! — les rend incom­pré­hen­sibles au com­mun des mor­tels. C’est ce que pro­pose fina­le­ment le pro­jet de l’In­tel­li­gence arti­fi­cielle : rendre les cal­culs incom­pré­hen­sibles aux humains. Qu’im­porte s’il se révèle pro­fon­dé­ment raciste, dis­cri­mi­nant, biai­sé, nor­ma­tif… et pro­fon­dé­ment conser­va­teur, car il s’en­ra­cine dans les don­nées du pas­sé pour construire sa chape de plomb, quand nous avons tant besoin de réin­ter­pré­ter le pas­sé pour chan­ger l’a­ve­nir ! Der­rière ce délire cal­cu­la­toire le risque bien sûr c’est que les cri­tères pris en compte finissent par noyer les objec­tifs mêmes du cal­cul, c’est-à-dire qu’on cal­cule pour cal­cu­ler sans plus savoir à quoi cela se rap­porte et en oubliant sa res­pon­sa­bi­li­té

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    Il me semble effec­ti­ve­ment que la piste de la natio­na­li­sa­tion est aujourd’­hui une piste tota­le­ment délais­sée. Trans­for­mer cer­tains réseaux et ser­vices en biens publics, « en Com­muns », est une piste qui n’est pas ou peu acti­vée. Dans le néo­li­bé­ra­lisme dans lequel on baigne, ce n’est pas très sur­pre­nant hélas. Pour­tant, c’est un levier fort que les États ont sou­vent uti­li­sé pour géné­rer de la neu­tra­li­té, de la jus­tice, de l’é­qui­té, de la diver­si­té… comme quand ils ont créé des médias de ser­vices publics ou des infra­struc­tures publiques comme l’ont été Radio-France, la Poste, le réseau fer­ré ou élec­trique, ou les Télé­coms. Nous ne sommes pas dans ces pers­pec­tives ni dans ces logiques aujourd’hui.

    Les États peinent à répondre aux logiques des acteurs pri­vés, à les régu­ler, à limi­ter leurs mono­poles… au contraire, ils s’ap­puient sur eux pour leurs délé­guer des fonc­tions de plus en plus réga­liennes dans des par­te­na­riats publics-pri­vés qui servent à pri­va­ti­ser les béné­fices et socia­li­ser les pertes. Les infra­struc­tures de trai­te­ments, de col­lecte de don­nées, d’hé­ber­ge­ment sont de plus en plus confiées à des acteurs pri­vés. Le sou­tien public est uni­que­ment orien­té vers de l’ac­com­pa­gne­ment aux jeunes pousses, star­tups et autres licornes — au détri­ment de tout sou­tien à des ini­tia­tives non mar­chandes ou alter­na­tives. Ce qui favo­rise la construc­tion de mono­poles tou­jours plus puis­sants… et ce au détri­ment de toute réflexion sur ce que pour­raient être une infra­struc­ture publique numé­rique ou des ser­vices publics numé­riques. Pour­tant, quelques-uns des plus popu­laires et impor­tants ser­vices de l’in­ter­net pro­viennent d’as­so­cia­tions et refusent d’être des entre­prises, comme Wiki­pé­dia, Open Street Map ou Signal…

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    Le pro­blème me semble plu­tôt tenir au fait que tout doive pas­ser par le numé­rique désor­mais. J’ai quand même un peu l’im­pres­sion que le droit à la décon­nexion prend le pro­blème à l’en­vers ! On recom­mande moins de temps d’é­cran, mais tout passe désor­mais par eux ! Du per­mis de conduire à nos consul­ta­tions médi­cales, des cours au tra­vail, de nos ami­tiés à nos dis­trac­tions, des cours de yoga aux demandes d’ac­cès aux ser­vices publics, en pas­sant par les courses en ligne et l’ac­cès au musée ou aux ciné­mas ! La mon­tée de la panique morale du temps pas­sé sur les écrans n’est que le reflet de l’im­por­tance que les écrans prennent désor­mais dans nos vies. Le droit à la décon­nexion ne vise qu’à culpa­bi­li­ser les usa­gers pour mieux décul­pa­bi­li­ser les pro­duc­teurs de ser­vices numé­riques et les éco­no­mies d’é­chelles qu’ils per­mettent.

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    Le numé­rique est en train de deve­nir le péage d’ac­cès à la ville, que ce soit pour contrô­ler votre état de san­té via un passe sani­taire, votre auto­ri­sa­tion à cir­cu­ler, votre iden­ti­té, ou l’al­lo­ca­tion de res­sources dis­po­nibles… Les mul­tiples formes du QR-code risquent de refer­mer l’ac­cès libre et ouvert au monde réel. Dans cette ville de l’en­re­gis­tre­ment, nos accès risquent de deve­nir dyna­miques, sui­vant des niveaux de prio­ri­tés dif­fé­rents liés à vos pos­si­bi­li­tés d’ac­cès au numé­rique. Désor­mais, le monde phy­sique est prêt pour être régi par un ensemble tech­nique, juri­dique et com­mer­cial qui va gérer les accès, selon des moda­li­tés dis­cri­mi­na­toires et opaques. C’est bien plus inquié­tant que le temps que nous pas­sons devant nos écrans !

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    Si on regarde le monde numé­rique à l’aune de sa dura­bi­li­té, ce monde n’est pas sou­te­nable. Si on le regarde à l’aune de ses enjeux démo­cra­tiques ou sociaux, le numé­rique ne pro­duit pas un monde en com­mun. Il va donc fal­loir refer­mer des pos­sibles que le numé­rique a ouverts. La sur­veillance, la fausse effi­ca­ci­té qu’elle pro­met ne pro­pose que du contrôle, de la répres­sion, des dis­cri­mi­na­tions, de la sécu­ri­té au détri­ment de la liber­té, de l’é­qui­té, de l’é­ga­li­té. On ne fait pas socié­té seule­ment en cal­cu­lant son effi­ca­ci­té maxi­male ! Les outils qui servent le capi­tal ne peuvent pas être uti­li­sés pour trans­for­mer l’é­cole, l’hô­pi­tal ou la ville, comme concluait la spé­cia­liste de l’In­tel­li­gence arti­fi­cielle Kate Craw­ford dans son excellent livre Atlas of AI : Power, Poli­tics, and the Pla­ne­ta­ry Costs of Arti­fi­cial Intel­li­gence. La pour­suite des gains de pro­duc­ti­vi­té ne nous réorien­te­ra nulle part !
    https://www.agirparlaculture.be/une-p...numerique-de-gauche-est-elle-possible
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