"Privatiser ce mot et le transformer en emblème publicitaire est une décision que nous ne pouvons pas partager. Vous décidez de brader le nom de « Vendôme ». Il ne s’agit pas d’une vente temporaire, d’une licence, ou d’une convention d’exploitation mais bien d’une cession définitive à une très grande multinationale pour … 10 000€.
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les mots me manquent. Les mots commencent à nous manquer. Il ne peut y avoir de parle libre si les mots sont achetés. C'est une idée que l'on croyait jusqu'ici réservée à la science-fiction dystopique mais les pauvres en mots, les exclus du langage, les famines linguistiques même ne semblent plus impossibles. Il s'agit de partir d'une abondance et d'un commun pour le privatiser et en organiser la rareté. Heureusement les ressources de la langue sont infinies, on pourrait donc se permettre de rester un peu optimiste. Or c'est précisément car le capitalisme arrive à bout de l'exploitation spéculative de ressources finies qu'il en vient à s'intéresser à la langue. Il ne se tourne pas vers elle par défaut mais par anticipation. On se devra donc d'être vigilant.e.s.
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"La marque c'est le vol." Ce n'est pas moi que le dit mais Michel Serres, dans ce texte aussi court que remarquable : "La guerre du propre contre le commun." Voici la fin du texte :
"Autant il est facile de trouver l’origine du mot marque et sa fonction linguistique dans le droit de propriété, autant la date de son apparition historique sur le marché reste, à ma connaissance, inconnue.
Sauf que, feuilletant un vieux grimoire de l’époque hellénistique, je découvris que les putains d’Alexandrie sculptaient en négatif leur nom et leur adresse sous les semelles de leurs sandales et les imprimaient ainsi en marchant sur le sable de la plage. Marchant, elles marquaient.
Leurs clients les suivaient à la trace. La publicité, rien de plus rationnel, fut inventée par les filles publiques. Comment nommer le titulaire d’une marque ? Un fils, en droite ligne, de ces putains alexandrines."
Emmanuel Macron - et Nicolas Sarkozy avant lui - sont donc autant de fils de ces mêmes putains alexandrines.
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"La marque, c’est le vol. Un vol dont l’acheteur est certes victime, mais il s’agit surtout, à mes yeux, d’un viol de la langue. À leur profit, les noms propres volent les noms communs, dont les termes parlent d’eux-mêmes : ceux-ci désignent le bien commun ; ceux-là se réfèrent à la propriété. Une marque pose donc la question du droit de propriété et la résout en s’appropriant une chose commune."
https://www.affordance.info/mon_weblog/2021/02/climat-planete-vendome.html
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