Plus globalement, l’émergence de techniques de chiffrement robustes et simples d’utilisation, comme la cryptographie numérique à clé publique (7), doit conduire à repenser en profondeur la question de l’identité des personnes et des moyens de s’en assurer. Le rôle actuel de l’État comme autorité de délivrance des titres tient à sa capacité supposée à s’assurer de l’identité des demandeurs. Pour autant, on peut envisager d’autres systèmes plus décentralisés dans lesquels les familiers d’une personne attesteraient cette identité en signant cryptographiquement ses documents. Un tel mécanisme est déjà employé par les utilisateurs de la cryptographie pour signer les clés de leurs connaissances et ainsi augmenter leur niveau de confiance à l’égard de tiers. Une telle architecture correspondrait en fait à un retour aux fondements de l’identité en tant que connaissance partagée par les membres d’une communauté. Elle pourrait éviter le recours aux informations biométriques, d’usage délicat, car non révocables. Cependant, sous un régime autoritaire, elle aurait pour inconvénient majeur de rendre plus difficile l’établissement de faux papiers, de multiples personnes devant alors se porter garantes du détenteur du titre d’identité, et s’exposer avec lui.
https://www.monde-diplomatique.fr/2018/04/PELLEGRINI/58551
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