frenchhope: économie* + entreprise* + emploi*

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  1. Pour autant, ce n’est pas à l’entreprise de décider des bénéficiaires de cette prospérité. Les dirigeants d’entreprise ne sont pas des élus politiques. Ils ne doivent pas inféoder l’entreprise à leurs convictions. L’entreprise est le moteur de la prospérité sociale, mais elle ne doit pas devenir son architecte. Or, c’est très exactement l’ambition des entreprises à mission.

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    Donner une dimension politique aux entreprises, c’est accepter qu’elles puissent se mettre à défendre des idées conservatrices, éventuellement réactionnaires, voire extrémistes. Souhaite-t-on vraiment que les GAFAM, mais aussi Huawei, Aramco ou Gazprom, par exemple, endossent ouvertement un rôle politique en plus de leur pouvoir économique et technologique ? Qui pourrait alors s’y opposer ? Le scandale Cambridge Analytica, qui a vu Facebook s’immiscer dans l’élection de Donald Trump, est là pour nous rappeler ce danger. Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, les pires desseins prétendent parfois mener au paradis.

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    laissons aux états, aux législateurs et aux gouvernements la tâche de mettre en place ce qu’est le « mieux » et le « bien ». Utilisons les entreprises pour ce quoi elles sont faites : répondre aux attentes de leurs clients, créer des emplois et financer la puissance publique au travers de l’impôt. Au public de fixer les règles, au privé de les respecter. La véritable raison d’être d’une entreprise, sa véritable mission, c’est d’être profitable.

    Bien entendu, cela doit passer par un sursaut collectif à l’encontre de l’évasion fiscale. L’instauration de la taxe mondiale d’au moins 15 % sur les multinationales semble aller dans le bon sens.

    Dans cette optique, on peut proposer deux autres pistes, en apparence anodines. D’abord, plutôt que de classer les entreprises selon leur chiffre d’affaires ou leur rentabilité, les magazines économiques devraient publier un classement des entreprises qui payent le plus d’impôts. Gageons que certaines se battraient – parmi lesquelles, espérons-le, les entreprises à mission – pour être les mieux classées. Saine concurrence.

    Deuxième piste : la prochaine fois qu’une entreprise publiera sa raison d’être ou adoptera le statut d’entreprise à mission, mettez sa sincérité à l’épreuve en effectuant une simple vérification : est-ce qu’au sein de ses équipes juridiques elle emploie des fiscalistes ? Si oui, c’est que – d’une manière ou d’une autre – elle tente d’échapper à la forme la plus fondamentale de citoyenneté pour une entreprise : payer ses impôts.
    https://theconversation.com/debat-len...urne-lentreprise-de-sa-mission-162473
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  2. Le revenu de base universel a un avantage certain : celui de la simplicité. Le public comprend vite le principe : un versement mensuel et inconditionnel. Mais il se heurte à deux murs, deux failles, que la garantie de l’emploi est capable de dépasser. Le premier est que le montant de ce revenu est souvent insuffisant pour vivre. Et ce n’est pas un hasard, c’est que c’est précisément sa fonction : il est un complément de l’emploi marchandisé propre au néolibéralisme. Il permet simplement de vivre avec un marché du travail fondé sur la précarisation et la compression salariale. Il devient alors la roue de secours d’un capitalisme à bout de souffle. C’est pourquoi il est aussi populaire parmi les cercles conservateurs et libéraux. Il permet de faire accepter aux travailleurs une condition globalement dégradée. L’État devient alors la roue de secours de l’ordre productif.

    L’autre élément est que, même généreux et permettant de vivre dignement, le revenu de base ne remet pas en cause ce même ordre productif. Il permet certes en théorie de peser sur le fonctionnement du marché du travail, mais il laisse néanmoins l’organisation sociale et économique à de seuls choix individuels. Ce que l’individu fait de son revenu universel détermine l’organisation sociale. En cela, il ne garantit nullement que certaines tâches non réductibles à l’échange marchand seront réalisées. Il place dans les seuls choix des ménages la clef du bien-être. Il induit aussi l’idée que jouer aux cartes ou ramasser les déchets, par exemple, ont la même valeur sociale. À l’inverse, la garantie de l’emploi définit en amont les priorités et les besoins et, en cela, modifie profondément l’ordre social. Elle n’est, au reste, pas incompatible avec l’idée d’un plus grand loisir individuel, ni même du choix individuel puisqu’on sait qu’elle est volontaire. Du reste, lorsque le secteur commun se développera, il faudra, pour pouvoir fournir une activité à tous, réduire le temps de travail. Ainsi, le travail deviendra une activité parmi d’autres, mais ce sera toujours une activité répondant à des besoins. La garantie d’emploi renverse donc la logique du revenu universel : elle crée les emplois dont la collectivité a besoin et libère les salariés de la précarité. Elle éradique le chômage à la racine et ne fait pas confiance aux mécanismes de marché pour le faire. Ce faisant, elle ouvre, comme on le verra, des perspectives que le revenu universel ne permet pas d’envisager.

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    Pendant la crise du coronavirus, des milliers de salariés ont été, dans le cadre de l’activité partielle, rémunérés par l’État, sans que ce dernier ne demande rien en retour. On pourrait simplement imaginer que, dans le cadre d’une garantie d’emploi, l’État propose aux salariés au chômage des tâches répondant à certains besoins qui, comme on l’a vu, ne proviendraient pas que de l’État. Ce statut financé publiquement serait lié à une grille salariale particulière et serait distinct de la fonction publique stricto sensu dont les contours pourraient ainsi être définis plus précisément. Pour éviter les effets d’aubaine de la puissance publique, cette définition pourrait être précisée démocratiquement. On pourrait aussi envisager une modification et un élargissement de la fonction publique qui serait intégrée à cette garantie, sans que nul n’y perde rien, et reposant sur une gouvernance démocratisée. La garantie de l’emploi serait alors intégrée dans un système de rémunération publique qui pourrait être la compensation d’une participation à la satisfaction globale des besoins communs. Peu à peu, le salaire serait alors déconnecté de l’emploi et pourrait devenir un droit lié à la citoyenneté. On se rapprocherait de la proposition du « salaire à vie » portée par Bernard Friot. La question de l’organisation est donc délicate, à n’en pas douter. Elle devra faire l’objet d’une discussion démocratique profonde. Mais, ce qui importe, c’est de savoir qu’en aucun cas, elle ne semble impossible à résoudre.

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    Mais la garantie d’emploi ouvre une autre voie qui n’est pas directement revendiquée par sa version états-unienne. En créant une garantie d’emploi, on libère la gestion politique de l’économie du chantage à l’emploi. Ce chantage à l’emploi est un des ressorts des politiques néolibérales et c’est un moyen pour le secteur privé de dégrader les conditions de travail, de rogner les transferts sociaux, de combattre tout contre-pouvoir dans les entreprises. Tout cela est toujours fait, comme l’ont montré les différentes réformes du marché du travail en France au nom de la « sauvegarde de l’emploi » ou des « créations d’emplois ». La garantie d’emploi ne libère pas que l’État de cette pression. Elle libère aussi le salarié. Lorsque chacun est assuré de disposer d’un emploi décent, suffisant pour vivre, le rapport de forces entre le capital et le travail est profondément modifié.

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    Avec la garantie d’emploi s’efface alors la course infinie à la croissance. Les priorités s’inversent. L’environnement, le bien-être commun, la santé peuvent devenir les piliers de l’organisation sociale. La société est libérée de sa dépendance à l’obligation d’accumulation du capital.


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    Le revenu de base universel a un avantage certain : celui de la simplicité. Le public comprend vite le principe : un versement mensuel et inconditionnel. Mais il se heurte à deux murs, deux failles, que la garantie de l’emploi est capable de dépasser. Le premier est que le montant de ce revenu est souvent insuffisant pour vivre. Et ce n’est pas un hasard, c’est que c’est précisément sa fonction : il est un complément de l’emploi marchandisé propre au néolibéralisme. Il permet simplement de vivre avec un marché du travail fondé sur la précarisation et la compression salariale. Il devient alors la roue de secours d’un capitalisme à bout de souffle. C’est pourquoi il est aussi populaire parmi les cercles conservateurs et libéraux. Il permet de faire accepter aux travailleurs une condition globalement dégradée. L’État devient alors la roue de secours de l’ordre productif.

    L’autre élément est que, même généreux et permettant de vivre dignement, le revenu de base ne remet pas en cause ce même ordre productif. Il permet certes en théorie de peser sur le fonctionnement du marché du travail, mais il laisse néanmoins l’organisation sociale et économique à de seuls choix individuels. Ce que l’individu fait de son revenu universel détermine l’organisation sociale. En cela, il ne garantit nullement que certaines tâches non réductibles à l’échange marchand seront réalisées. Il place dans les seuls choix des ménages la clef du bien-être. Il induit aussi l’idée que jouer aux cartes ou ramasser les déchets, par exemple, ont la même valeur sociale. À l’inverse, la garantie de l’emploi définit en amont les priorités et les besoins et, en cela, modifie profondément l’ordre social. Elle n’est, au reste, pas incompatible avec l’idée d’un plus grand loisir individuel, ni même du choix individuel puisqu’on sait qu’elle est volontaire. Du reste, lorsque le secteur commun se développera, il faudra, pour pouvoir fournir une activité à tous, réduire le temps de travail. Ainsi, le travail deviendra une activité parmi d’autres, mais ce sera toujours une activité répondant à des besoins. La garantie d’emploi renverse donc la logique du revenu universel : elle crée les emplois dont la collectivité a besoin et libère les salariés de la précarité. Elle éradique le chômage à la racine et ne fait pas confiance aux mécanismes de marché pour le faire. Ce faisant, elle ouvre, comme on le verra, des perspectives que le revenu universel ne permet pas d’envisager.

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    Pendant la crise du coronavirus, des milliers de salariés ont été, dans le cadre de l’activité partielle, rémunérés par l’État, sans que ce dernier ne demande rien en retour. On pourrait simplement imaginer que, dans le cadre d’une garantie d’emploi, l’État propose aux salariés au chômage des tâches répondant à certains besoins qui, comme on l’a vu, ne proviendraient pas que de l’État. Ce statut financé publiquement serait lié à une grille salariale particulière et serait distinct de la fonction publique stricto sensu dont les contours pourraient ainsi être définis plus précisément. Pour éviter les effets d’aubaine de la puissance publique, cette définition pourrait être précisée démocratiquement. On pourrait aussi envisager une modification et un élargissement de la fonction publique qui serait intégrée à cette garantie, sans que nul n’y perde rien, et reposant sur une gouvernance démocratisée. La garantie de l’emploi serait alors intégrée dans un système de rémunération publique qui pourrait être la compensation d’une participation à la satisfaction globale des besoins communs. Peu à peu, le salaire serait alors déconnecté de l’emploi et pourrait devenir un droit lié à la citoyenneté. On se rapprocherait de la proposition du « salaire à vie » portée par Bernard Friot. La question de l’organisation est donc délicate, à n’en pas douter. Elle devra faire l’objet d’une discussion démocratique profonde. Mais, ce qui importe, c’est de savoir qu’en aucun cas, elle ne semble impossible à résoudre.

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    Mais la garantie d’emploi ouvre une autre voie qui n’est pas directement revendiquée par sa version états-unienne. En créant une garantie d’emploi, on libère la gestion politique de l’économie du chantage à l’emploi. Ce chantage à l’emploi est un des ressorts des politiques néolibérales et c’est un moyen pour le secteur privé de dégrader les conditions de travail, de rogner les transferts sociaux, de combattre tout contre-pouvoir dans les entreprises. Tout cela est toujours fait, comme l’ont montré les différentes réformes du marché du travail en France au nom de la « sauvegarde de l’emploi » ou des « créations d’emplois ». La garantie d’emploi ne libère pas que l’État de cette pression. Elle libère aussi le salarié. Lorsque chacun est assuré de disposer d’un emploi décent, suffisant pour vivre, le rapport de forces entre le capital et le travail est profondément modifié.

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    Avec la garantie d’emploi s’efface alors la course infinie à la croissance. Les priorités s’inversent. L’environnement, le bien-être commun, la santé peuvent devenir les piliers de l’organisation sociale. La société est libérée de sa dépendance à l’obligation d’accumulation du capital.
    http://www.contretemps.eu/chomage-eco...rantie-emploi-depassement-capitalisme
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    https://www.franceculture.fr/emission...terre/didier-bille-le-sniper-des-rh-0
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