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  1. En bref, résume l’auteur, « le monde normatif néolibéral n’est pas un marché sans frontière et sans États, mais un modèle double, protégé par les gardiens de la constitution économique des demandes des masses en faveur de la justice sociale et de l’égalité redistributive » (p. 27).
    https://laviedesidees.fr/Le-capitalisme-contre-la-democratie
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  2. "Dans le contexte actuel, l’idée de « front républicain » – s’il s’agit bien d’une « idée » – est une misérable imposture. Ce sont les destructeurs de la forme républicaine de la société, celle qui s’appuie sur un État social puissant et qui confère à ceux qui en ont un urgent besoin les moyens d’indépendance nécessaire, qui appellent à former un soi-disant front pour la défendre. Ce sont les représentants des partis politiques qui ont gouverné la France depuis le début des années 2000 – toutes tendances confondues – qui appellent au sursaut républicain alors qu’ils ont patiemment travaillé à faire reculer les institutions qui forment le cœur d’une société républicaine : l’hôpital public, désormais en état de catastrophe avancée, l’éducation nationale et l’université quand la France recule dans tous les classements internationaux portant sur les niveaux d’éducation, l’institution judiciaire, traitée en parente pauvre et appelée à se transformer en auxiliaire docile de la police et d’une politique sécuritaire suicidaire. Et ce sont ces responsables qui appellent au front républicain contre un parti d’extrême droite dont la puissance les réjouit car elle fait obstacle à la mobilisation des classes moyennes et populaires en faveur d’une politique de progrès social et environnemental."
    https://usbeketrica.com/fr/article/on...eoliberale-des-principes-republicains
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  3. Alors que la France n’a jamais embrassé les réformes éhontées du marché libre du thatchérisme et a même « une certaine tradition de contestation du néolibéralisme et du capitalisme en général » (p. 7), Amable montre que la classe politique française est depuis longtemps engagée dans des réformes « du côté de l’offre ». C’est-à-dire qu’elle tente d’accroître la rentabilité des employeurs dans l’espoir qu’ils investissent, embauchent et, au bout du compte, stimulent la croissance. Ces réformes ont engendré des clivages sociaux et des réalignements politiques. Dans les années 2010, Amable soutient que la France est entrée dans une crise systémique dans laquelle la classe politique n’a aucune stratégie viable pour résoudre les problèmes sociaux et économiques existants.

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    Le livre d’Amable démystifie avec brio le modèle français et met la situation actuelle en perspective. Malgré sa réputation, la France est depuis longtemps un défenseur de la politique de l’offre. Et si le livre est évidemment centré sur un seul pays, sa thèse selon laquelle les partis de gauche ont joué un rôle essentiel dans la promotion du néolibéralisme s’applique au moins aux États-Unis, au Royaume-Uni, à l’Allemagne et à la Suède. La France peut donc avoir quelque chose à nous dire sur des tendances historiques plus larges. En ce sens, si la France est un modèle de néolibéralisme et, plus tard, de crise politique, la question est maintenant de savoir si la dernière vague de protestation deviendra un modèle pour s’y opposer.
    https://laviedesidees.fr/Bruno-Amable...istible-ascension-neoliberalisme.html
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  4. C’est comme si en informatique, l’enjeu premier était de ne pas prendre parti ou de ne pas faire de politique… Comme si tout n’était question que de paramètres à régler.

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    « Lorsqu’on entre dans le « monde réel », la perspective acquise grâce à ces formations en informatique s’intègre parfaitement à l’idéologie économique dominante. Après tout, qu’est-ce que le capitalisme néolibéral sinon un système organisé selon un cadre d’optimisation particulièrement étroit ? » « À l’école, on nous a dit que tout problème pouvait être résolu en tournant les boutons algorithmiques de la bonne manière. Une fois diplômés, cela se traduit par la conviction que, dans la mesure où la société a des défauts, il est possible d’y remédier sans changement systémique : si l’accumulation du capital est le seul véritable objectif et que le marché est un terrain de jeu infiniment malléable, il suffit de donner aux agents individuels les incitations appropriées. Pour réduire l’utilisation du plastique, ajoutez une surtaxe sur les sacs d’épicerie. Pour résoudre la crise du logement, relâchez les contraintes imposées aux promoteurs d’appartements de luxe. Pour contrôler la pollution, fixez un prix de marché en utilisant un système de plafonnement et d’échange. »

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    « Le péché originel du programme capitaliste est donc qu’il optimise non pas une certaine mesure du bien-être social ou de la satisfaction humaine, mais une quantité qui ne peut être qu’un lointain substitut de ces objectifs. Pour remédier aux dommages considérables causés par cette mauvaise formulation, les démocraties libérales d’aujourd’hui cherchent à concevoir un programme plus nuancé. Le profit constitue toujours le premier terme de l’objectif, mais il est désormais accompagné d’un éventail impressionnant de termes secondaires modifiables à l’infini : imposition progressive des revenus pour ralentir l’accumulation des richesses, taxes et subventions pigouviennes pour guider le comportement des consommateurs, et marchés d’émissions financiarisés pour freiner la désintégration rapide de la planète. Lorsque les carottes et les bâtons du marché ne suffisent pas, les gouvernements tentent d’imposer des réglementations, en introduisant des contraintes supplémentaires. Ces solutions politiques suivent précisément la même logique que les exercices qu’on nous propose en classe sur les réglages algorithmiques. »

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    L’informatique lui est bien supérieure, ironise l’ingénieur. « Elle enseigne les axiomes et les méthodes du capitalisme avancé, sans les questions politiques qui peuvent se poser en économie ou dans d’autres sciences sociales. Dans sa forme actuelle, l’informatique est un véhicule d’endoctrinement réussi pour l’industrie et l’État, précisément parce qu’elle apparaît comme leur contraire : un domaine sans valeur qui incarne à la fois des mathématiques rigoureuses et une ingénierie pragmatique. C’est le pourvoyeur idéal du réalisme capitaliste pour une époque sceptique ; une science de droite qui prospère dans notre ère post-idéologique. »

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    « La Silicon Valley n’existe pas dans un vide intellectuel : elle dépend d’un certain type de discipline informatique. Par conséquent, une refonte de la Silicon Valley par le peuple nécessitera une informatique « populaire » ». C’est-à-dire une autre informatique et une autre vision de l’informatique, soutient Jimmy Wu. Nous en sommes pourtant encore très loin. « Aujourd’hui, les départements d’informatique ne se contentent pas de générer le « réalisme capitaliste », ils sont eux-mêmes gouvernés par lui. » Le financement de la recherche en informatique est totalement dépendant des géants de l’industrie et de la défense. La recherche est guidée par les seules applications industrielles. Et tout ce beau monde nie que l’informatique contemporaine soit une entreprise politique (quelles que soient ses intentions apolitiques affichées). Pour remédier à ce brouillard idéologique étouffant, nous devrions construire une « informatique communiste », soutient Jimmy Wu. Il termine en l’esquissant à grand trait : à savoir que seuls les projets au service direct ou indirect des gens et de la planète devraient pouvoir être financés, en invitant à imaginer des algorithmes pour la planification économique participative, pour estimer le temps de travail socialement nécessaire, pour créer des chaînes d’approvisionnement locales…

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    Le paradigme de l’optimisation par les données et les capteurs réduit en fait la place des citoyens à n’être que les acteurs de leur propre surveillance. Ce paradigme réduit également la diversité, favorise les intérêts privés plus que publics. Mais surtout, l’optimisation efface le conflit, les divergences, les dissensus, les frictions… Or, dans la réalité, bien souvent, les gens luttent pour redéfinir les formes normatives que produisent les données, et trouver des espaces de discontinuité entre les données. La liberté ne consiste pas seulement à ne pas être surveillé, mais également réside dans la capacité d’avoir des approches différentes, d’être en désaccord avec des interprétations, de revendiquer un droit à la discontinuité

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    ce que nous rendons plus efficace rend toujours autre chose moins efficace. Que l’optimisation est toujours un choix qu’on peine à évaluer, dans ses coûts comme dans ses bénéfices. Dans son livre, Tenner observe l’apport ambigu de la techno sur la médecine, l’éducation et la connaissance pour souligner qu’il n’y a pas qu’une forme à l’efficacité, mais des formes qui s’imbriquent et se contrebalancent. Dans notre monde ultra rationnel, où domine le colonialisme comptable, où tout est converti en gains de productivité, l’historien pourtant bien peu radical, nous rappelle que l’inefficacité est parfois un bien meilleur chemin.
    https://www.internetactu.net/2021/06/28/quest-ce-que-linformatique-optimise
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