frenchhope: intérêt général* + démocratie*

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  1. Nous savons à quel point le premier enjeu de l’Etat social de droit est précisément de rester indivisible, d’associer aux déclarations formelles du droit des capacités concrètes, du pouvoir d’agir et de transformer les mondes culturels et économiques dans lesquels les individus évoluent. A partir du moment où il tend à faire l’inverse, à reproduire des dispositifs de réification des individus, ces derniers se perçoivent, ce qui est psychiquement intenable, comme remplaçables, interchangeables, surnuméraires, inutiles, et la modernité devient le lieu d’une fabrique nouvelle de l’indignité.
    https://www.lemonde.fr/le-monde-evene...ion-democratique_6109582_4333359.html
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  2. >Le temps d’une élection est effectivement celui des promesses et des engagements. Mais les élus peuvent-ils les tenir ? Rien n’est moins sûr tant les leviers de l’action publique locale cristallisent des convoitises. Pour autant, cela n’oblige pas à succomber à une vision simplifiée en termes d’intérêts cachés manipulant les décideurs.

    >De grandes entreprises au contact régulier des élus locaux – dans les domaines notamment de la promotion immobilière, de la distribution, de l’économie numérique, des réseaux – se sont ainsi dotées de services de relations institutionnelles et de lobbying pour travailler auprès des collectivités.
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    >Cette inégalité de moyens oblige de fait bon nombre d’associations à redoubler d’efforts pour se faire entendre. On le voit quand des édiles cèdent aux sirènes de grands promoteurs commerciaux invoquant les richesses et emplois induits, études à l’appui, par l’implantation d’un nouveau centre commercial : les riverains et associations de défense du cadre de vie sont contraints de multiplier leurs actions (manifestations, pétitions, recours, contre-expertises…) pour espérer infléchir un tel projet.

    >l’écho des intérêts défendus dépend des liens entretenus avec les élus locaux. Plus les acteurs sont sociologiquement et idéologiquement proches des élus, plus il leur est aisé d’en être entendu : en toute logique, les élus sont portés à écouter ceux qui partagent les mêmes codes et langages.
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    >On comprend mieux l’importance pour tel ou tel segment de la société d’avoir l’un de ses représentants sur une liste. Dans cette perspective, l’élection possible d’équipes écologistes à la tête de municipalités pourrait bien représenter une opportunité pour des associations environnementales partageant les points de vue de ces nouveaux élus.
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    >Tertio, les causes défendues résonnent différemment selon les conjonctures. Tout laisse penser que, dans les prochains mois, les arguments autour de l’emploi et du développement économique auront une portée renforcée auprès des élus. Il est vrai que, compte tenu des échéances électorales, les demandes mesurables quantitativement (comme les emplois) sont plus aisément monnayables que des biens communs auprès d’élus tenus d’afficher des bilans.

    >Ainsi se crée une déconnexion croissante entre l’échelle des compétences, de plus en plus intercommunales, et l’échelle des groupements de la société civile à forte dimension municipale. Doit-on parler dans ce cas de politiques publiques destinées à rester sans interlocuteurs ?
    https://theconversation.com/les-elus-...s-a-labri-des-groupes-dinteret-141255
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  3. > Un autre constat est frappant dans votre livre, c’est combien les ingénieurs se révèlent un peu déconnectés des réalités. Vous citez notamment les enquêtes de la société des ingénieurs et scientifiques de France qui montrent par exemple, pour un sondage de 2011, que 14 % des ingénieurs pensent que si les choses continuent sur leur lancée, nous allons bientôt vivre une catastrophe écologique majeure (contre 89 % des Français ou 83 % des cadres). 87 % des ingénieurs estiment que le génie de l’homme permettra que la Terre reste vivable (contre 51 % des Français et 57 % des cadres). Derrière ces chiffres, on sent qu’un monde de perception sépare les ingénieurs du reste de la population. Vous soulignez notamment que les ingénieurs sont peu politisés, dociles et profondément technosolutionnistes.

    > Face à chacun de ces défis, vous soulignez surtout les difficultés : ils ne semblent pas toujours impliqués dans la responsabilité sociale de l’entreprise, qui semble leur être imposée ; ils rechignent à reconnaître leur responsabilité dans le développement technique et peinent à être moteur d’une démocratie technique ; quant aux responsabilités environnementales nouvelles qui s’adressent à eux, là encore, ils ne semblent pas toujours moteurs de ces transformations

    > Pour prendre un exemple simple, quoique fantaisiste, brûler un hectare de végétation dans une forêt primaire en Amazonie n’est pas compensé par le fait de planter un hectare de pins Douglas dans les Landes Françaises. Or l’approche technosolutionniste ne sait pas gérer cette absence d’équivalence.

    > C’est davantage de réflexivité, de capacités d’analyses économiques et politiques des phénomènes techniques, de modes de gouvernance horizontaux et transparents, dans la formation comme dans les pratiques des ingénieurs, oui, oui et oui ! A titre d’exemple, le philosophe et spécialiste de l’éthique américain Michael Davis recommande aux entreprises qui emploient des ingénieurs d’instaurer un temps de discussion régulier sous la forme de brown bag lunch éthiques. Au déjeuner, chaque salarié apporte ainsi son sandwich et une question éthique empruntée à l’actualité ou au secteur professionnel pour en discuter dans un espace qui n’est pas celui de la prise de décision. L’avantage principal de cette pratique est que quand un problème surgit sur le lieu de travail, les modalités de la discussion – certains philosophes parleraient d’ethos de la discussion – sont déjà en place.

    > Cependant, dans un contexte de faillite des démocraties occidentales, j’insisterais peut-être plutôt sur un renouvellement du contrat social dans sa forme rousseauiste, c’est-à-dire un modèle dans lequel on ne s’embarrasse pas d’un souverain ou d’un manager pour promouvoir l’intérêt général
    http://www.internetactu.net/2020/02/24/les-ingenieurs-au-defi-de-lethique
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  4. Première chose, les citoyens doivent s'occuper de la politique. À force de penser que la politique ne nous concerne pas, on en oublie que la politique s'occupe de nous au quotidien. On pourrait tout à fait imaginer qu'une partie de la population – la plus aisée – fasse demain sécession au nom d’une privation des biens et des infrastructures collectives, comme dans certaines villes privées aux Etats-Unis ou en Asie. On retrouve cette tentation dans le discours des contribuables fortunés qui pratiquent l'évasion fiscale. À l'inverse existe un rêve d’établissement de communautés exclusivement locales, comme les ZAD (zones à défendre), des contre-sociétés s’excluant de la société capitaliste. Qu’est-ce qui périt dans ces deux formes d’alternatives ? L’idée de la démocratie, c’est-à-dire la réflexion autour du Commun, l'idée que l'intérêt général est supérieur à l'intérêt particulier.

    La première chose, c'est de se mettre à bonne distance de la politique. Il faut sortir du feuilleton qu'est devenu la politique et qui consiste en des prises de positions « pour » ou « contre » sur tous les sujets. Il faut arrêter de penser que la politique se limite à un groupe d'individus isolés qui ont confisqué le pouvoir. La deuxième chose, aussi bien en France qu'ailleurs, serait de faire sauter le verrou institutionnel. Les institutions constituent la première façon d'empêcher les citoyens de s'occuper de politique. Ce n’est pas s’occuper de politique que de voter une fois tous les 5 ans.

    Ensuite, il faut aussi désentimentaliser la promesse de la politique. Le philosophe espagnol Daniel Innerarity disait que « la démocratie, c'est le règne de la déception ». C’est ce qu’on vous dit quand vous êtes enfant : on ne peut pas avoir toujours tout ce qu’on veut. J'ai le sentiment que nous, citoyens, sommes dans une forme d'infantilisation qui exige de tout avoir, et tout de suite. Il est alors facile d’accabler les acteurs politiques parce qu'ils ne nous donnent pas tout. Il est essentiel de se mettre à distance de ces illusions, par ailleurs entretenues par les acteurs politiques. De cesser de leur attribuer un pouvoir qu'ils n'ont pas. De ne pas être dupe du spectacle de la politique.

    Comment fait-on alors pour porter des ambitions politiques au sens large, pour les pousser dans la vie politique et contraindre les acteurs politiques à nous entendre ? Ces jeunes gens, qui sont lycéens et qui vont tous les vendredis marcher pour le climat, doivent nous donner du courage. Et en même temps, une grande partie d’entre eux n’est pas allé voter aux élections européennes. Notamment pour des raisons de verrou institutionnel, et je les comprends. Il existe de la part des citoyens une forme de dégoût vis-à-vis de la politique dont il faut s'affranchir.

    De toutes les démocraties occidentales, la France est celle qui donne le plus de pouvoir à son chef de l'État. Le fantasme de la démocratie des meilleurs, portée par Emmanuel Macron - soit l’idée qu'il faut mettre en place un consensus de l'action politique - est une impasse absolue. Le Grand débat n’est pas un débat à égalité entre le chef de l'État, le gouvernement et le citoyen. Il consiste en l’émission de cahiers de doléances auquel le chef de l’État prétend répondre dans une forme de clientélisme un peu archaïque. Il faut recréer la capacité pour les citoyens de délibérer ensemble. On pourrait imaginer abaisser le rôle du président de la République et de renforcer le pouvoir du Premier ministre en tant que responsable de la majorité parlementaire. On pourrait aussi imaginer la création d’autorités indépendantes, des assemblées citoyennes avec de réels pouvoirs.

    Pourquoi pas par tirage au sort ? Ces instances pourraient avoir des pouvoirs contraignants sur l'exécutif. Par exemple, elles pourraient statuer sur un certain nombre de demandes de référendums d'initiative citoyenne ou sur un vote sur des sujets tels que l’écologie, les rapports entre monde économique et politique. Nos sociétés doivent faire le pari de l’intelligence collective, qui est seule à même de nous sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes.

    Une autre piste : on pourrait imaginer que, dans les banques ou dans les industries dont on considère qu'elles sont d'intérêt national et qui sont des structures dont dépendent nos vies, l'État pourrait déléguer un représentant pour siéger dans un conseil d'administration, y compris dans les structures dans lesquelles il n'a pas de part. Ce serait une forme de contrôle citoyen de décision économique. Aucune personnalité du monde politique ne défend cette idée, et pourtant si vous soumettiez cette idée à référendum, je ne serais pas surpris qu'elle recueille un fort assentiment.

    L’obsession des Trente Glorieuses, dont on fait une norme, alors que cette période de prospérité a constitué une exception, nous empêche de penser le présent et l’avenir selon de nouveaux termes. Un Français né en 1950 fait partie d’une génération d'êtres humains qui a connu le plus haut niveau de bien-être et de prospérité de toute l'histoire de l'humanité. Et cela a eu un coût, notamment pour la planète. Cette image de croissance illimitée, de plein emploi, d'obsession frénétique pour le travail, ce monde dans lequel il était formidable d'acquérir du capital et de construire sans tenir compte de notre environnement, ne correspond plus aux urgences du temps. Souhaiter développer une politique pour revenir à ce monde-là, c'est regarder le futur dans un rétroviseur.

    Je fais partie de la génération à qui on disait qu’elle allait faire plusieurs métiers. On nous prédisait une instabilité du travail. « Faites-vous une place », nous disait-on. Les gens qui ont 25 ans aujourd'hui savent que la place qu'on leur propose est mauvaise. Ils n’ont plus rien à perdre. On ne peut plus acheter la maison de ses parents à moins d'en hériter. On sait désormais que le maintien des inégalités structurelles fait que, statistiquement, si vous êtes un fils de pauvre, vous allez rester pauvre.
    https://usbeketrica.com/article/il-fa...-capacite-citoyens-deliberer-ensemble
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