En tant que fait social total, la Coupe du monde relève du politique (1). Pour les raisons suivantes :
1. Tout spectacle produit un effet de masse qui est l’un des paramètres de la manipulation des foules. Les totémisations, les ritualisations, l’existence de cérémonies de forme « sacrificielle », la reconstitution d’émotions « primitives » de masse, entraînent la reconnaissance institutionnelle et la réalisation de sentiments nationalistes, par la création d’une « masse-meute sportive » (2) dont l’imaginaire se rallie à un nous générique factice qui peut devenir violent et dangereux ;
2. Le spectacle sportif possède une fonction d’appareil idéologique d’Etat. Il détourne les populations dominées de leurs propres intérêts de classe ;
3. Il possède une fonction de désidéologisation. Le temps de la Coupe du monde est un temps qui se désire apolitique ;
4. Le spectacle sportif possède une fonction de légitimation de l’ordre existant. Celle-ci trouve sa réalité au sein même de la philosophie sportive, de la lutte de « tous contre tous », réglée par la notion de fair-play c’est-à-dire l’acceptation de la loi du plus fort et du progrès physique sportif.
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/39/A/55362
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