>Dans une Techtopie, le lieu de travail est le plus grand et le plus puissant des magnets. Il monopolise le temps, l’énergie et la dévotion de la communauté. Tous les autres magnets — famille, communautés religieuses, associations, organisations politiques, clubs artistiques — sont des magnets beaucoup plus petits, et beaucoup plus faibles en comparaison de cet immense magnet. Si l’une de ces institutions souhaite obtenir un peu du temps et de l’énergie de la communauté, elle doit se mettre au service de cet immense magnet qu’est le lieu de travail technologique.
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>Les personnes extérieures à ces lieux technologiques avec lesquelles j’ai pu m’entretenir — personnalités publiques, gérants de petites entreprises, représentants religieux — me disaient que les gens n’avaient plus le temps de s’engager en politique ou dans les associations locales. Les individus s’investissent tellement sur leur lieu de travail qu’ils finissent par déserter et par appauvrir le domaine public.
https://www.numerama.com/tech/1222956...-religion-dans-la-silicon-valley.html
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> Un autre constat est frappant dans votre livre, c’est combien les ingénieurs se révèlent un peu déconnectés des réalités. Vous citez notamment les enquêtes de la société des ingénieurs et scientifiques de France qui montrent par exemple, pour un sondage de 2011, que 14 % des ingénieurs pensent que si les choses continuent sur leur lancée, nous allons bientôt vivre une catastrophe écologique majeure (contre 89 % des Français ou 83 % des cadres). 87 % des ingénieurs estiment que le génie de l’homme permettra que la Terre reste vivable (contre 51 % des Français et 57 % des cadres). Derrière ces chiffres, on sent qu’un monde de perception sépare les ingénieurs du reste de la population. Vous soulignez notamment que les ingénieurs sont peu politisés, dociles et profondément technosolutionnistes.
> Face à chacun de ces défis, vous soulignez surtout les difficultés : ils ne semblent pas toujours impliqués dans la responsabilité sociale de l’entreprise, qui semble leur être imposée ; ils rechignent à reconnaître leur responsabilité dans le développement technique et peinent à être moteur d’une démocratie technique ; quant aux responsabilités environnementales nouvelles qui s’adressent à eux, là encore, ils ne semblent pas toujours moteurs de ces transformations
> Pour prendre un exemple simple, quoique fantaisiste, brûler un hectare de végétation dans une forêt primaire en Amazonie n’est pas compensé par le fait de planter un hectare de pins Douglas dans les Landes Françaises. Or l’approche technosolutionniste ne sait pas gérer cette absence d’équivalence.
> C’est davantage de réflexivité, de capacités d’analyses économiques et politiques des phénomènes techniques, de modes de gouvernance horizontaux et transparents, dans la formation comme dans les pratiques des ingénieurs, oui, oui et oui ! A titre d’exemple, le philosophe et spécialiste de l’éthique américain Michael Davis recommande aux entreprises qui emploient des ingénieurs d’instaurer un temps de discussion régulier sous la forme de brown bag lunch éthiques. Au déjeuner, chaque salarié apporte ainsi son sandwich et une question éthique empruntée à l’actualité ou au secteur professionnel pour en discuter dans un espace qui n’est pas celui de la prise de décision. L’avantage principal de cette pratique est que quand un problème surgit sur le lieu de travail, les modalités de la discussion – certains philosophes parleraient d’ethos de la discussion – sont déjà en place.
> Cependant, dans un contexte de faillite des démocraties occidentales, j’insisterais peut-être plutôt sur un renouvellement du contrat social dans sa forme rousseauiste, c’est-à-dire un modèle dans lequel on ne s’embarrasse pas d’un souverain ou d’un manager pour promouvoir l’intérêt général
http://www.internetactu.net/2020/02/24/les-ingenieurs-au-defi-de-lethique
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https://www.lefigaro.fr/vox/societe/p...n-finir-avec-l-employabilite-20200130
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