Tags: individualisme* + société* + liberté*

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    https://www.sciencesetavenir.fr/high-...duelle-que-choisir_160959?xtor=RSS-12
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  2. Et c’est ainsi que le capitalisme prend un visage humain, que se dissout la frontière entre le public et le privé, que triomphe l’idéologie libérale du choix s’exprimant dans toutes ses contradictions et tristesses sur les sites de rencontres d’Internet... C’est ainsi que ce qui semblait promesse de libération et de bonheur est devenu contrainte intériorisée, invisible, « naturelle » – sa « construction » a été effacée. Mû par ces nouvelles normes d’égalité, de liberté, de transparence, de rationalisation, l’individualisme d’aujourd’hui accueille une vie émotionnelle qui « obéit à la logique des relations et des échanges économiques ». L’économie intime et l’économie de marché s’épousent, au nom même des valeurs de la démocratie, modulées, interprétées, utilisées par un système économique précis, qui entend bien se faire passer pour le synonyme de la démocratie.

    Ces « pathologies de l’individualisme » semblent donc bien surgir de la rencontre entre les idéaux de la démocratie et les objectifs d’un nouveau capitalisme. Mais, à moins d’espérer une révolution, comment peut-on alors imaginer un avenir qui ne superpose pas le citoyen et le consommateur, les « droits de » et le « droit à » ? Micki McGee, sociologue nord-américaine, après avoir étudié les conditions d’apparition et les significations de la demande massive de techniques d’auto-épanouissement aux Etats-Unis, rappelle elle aussi que « les structures sociales et les identités individuelles sont mutuellement constitutives : interconnectées à un point tel que des changements dans les premières entraînent des changements dans les secondes et, pourrait-on dire, vice versa ».

    Mais, si chacun est désormais sommé de « travailler sur soi », de se considérer comme « capital humain », et ce avec d’autant plus d’acuité que l’insécurité sociale est plus grande, si donc l’aliénation est à son comble, qui fait porter la responsabilité de son insatisfaction sociale à l’individu même, coupable de n’être pas assez résolu à « devenir tout ce qu’il peut être », l’auteure postule néanmoins que cette quête égarée de l’accomplissement de soi peut « servir de catalyseur pour un changement social ». Elle lui apparaît comme une forme « prépolitique » de protestation, qui pourrait être canalisée vers une « participation politique ».

    Ce qui implique de reconnaître que « le désir d’inventer sa vie ne relève plus du narcissisme, ou d’un élan émancipateur alternatif, mais plutôt qu’il est rendu de plus en plus nécessaire comme une forme nouvelle de “travail immatériel” – activités mentales, sociales et émotionnelles requises pour participer au marché du travail », et de s’appuyer sur cette aspiration pour l’étendre à la revendication d’un monde dans lequel « le libre développement de chacun est compris comme la condition du libre développement de tous ». Cela implique assurément que soit réaffirmée la valeur fondatrice de la raison commune, que soient déconstruites les illusions de liberté, mais en s’appuyant sur ce qui, dans les malentendus et les pièges de la modernité, porte, de façon contradictoire mais tenace, une aspiration à une vie meilleure.
    https://www.monde-diplomatique.fr/2007/03/PIEILLER/14519
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