frenchhope: morale*

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    https://www.philomag.com/articles/nou...i-lia-qui-resout-les-problemes-moraux
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    https://www.youtube.com/watch?v=YcbMKnjPYqU
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    https://www.entelekheia.fr/2021/11/04...alifies-pour-faconner-la-civilisation
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  4. Il serait cependant précipité de considérer que cette critique de la religion va de pair avec la défense d’un athéisme radical disqualifiant définitivement toute possibilité de tirer quelque chose de bon de la lecture des textes sacrés. En fait, la seule chose qu’exige la démarche anti-autoritariste, c’est qu’on ne traite pas ces textes comme une source de règles morales inaltérables. À partir de Dewey, Rorty esquisse la possibilité d’une religion déthéologisée qui renonce à l’idée de péché (c’est-à-dire au devoir de s’humilier devant Dieu) pour se concentrer sur l’idée d’amour (c’est-à-dire au devoir de coopérer avec les autres pour l’intérêt général). Ce que nous pouvons alors encore attendre de la religion, c’est qu’elle favorise en nous l’aspiration à une vie commune, marquée par la confiance et la solidarité.

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    L’extension pragmatiste de la démarche anti-autoritariste à l’épistémologie amène à dire que nous n’avons pas besoin de Réalité pour parler de vérité. Cette affirmation pourra surprendre. Nous n’avons pourtant aucun mal à reconnaître que la proposition « 2 + 2 = 4 » est vraie sans avoir à considérer que c’est son adéquation à une supposée Réalité mathématique qui la justifie. Pour cela, il nous suffit de reconnaître que cette proposition n’entre pas en contradiction avec les autres propositions mathématiques que nous acceptons. Plutôt que la correspondance c’est, une fois de plus, une forme de consensus qui nous amène à accepter une proposition comme vraie – un consensus ne s’appuyant pas sur autre chose que la recherche d’une cohérence généralisée entre les propositions que nous utilisons. La démarche pragmatiste (que Rorty attribue aussi à Michel Foucault, Jacques Derrida, Jügen Habermas ou Bruno Latour) consiste à étendre cette définition cohérentiste de la vérité à toutes les propositions dont nous faisons usage – y compris celles relevant du domaine des sciences naturelles.

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    Ce que nous reconnaissons comme vrai ne l’est jamais de façon inconditionnelle, mais toujours relativement aux éléments que nous prenons en compte. À tout moment, de nouvelles pièces peuvent être ajoutées au dossier et nous contraindre à réviser nos jugements. Cette façon de voir les choses n’implique pas nécessairement que nous ayons à abandonner l’ambition d’élaborer des propositions universellement valides – quoiqu’une telle ambition n’ait rien de nécessaire pour qu’une communauté soit habilitée à traiter les propositions qu’elle utilise comme vraies (pour cela, la cohérence relative des propositions qu’elle accepte suffit). Pour Rorty, la recherche d’universalité est le trait distinctif de certaines sociétés admettant que ces membres agissent par curiosité, c’est-à-dire en ayant la volonté d’élargir et d’enrichir autant que possible leur répertoire de proposition en y intégrant continuellement de nouvelles données (p. 71). Pour les pragmatistes, l’universalité n’est jamais quelque chose que l’on détient absolument, c’est une idée directrice permettant de justifier la démarche consistant à vouloir transformer la tradition de façon à rendre nos jugements toujours plus inclusifs.

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    Pour Rorty, le problème de la morale universelle est qu’elle entretient le mythe d’un moi non relationnel qui n’a qu’à chercher en lui-même des règles inconditionnelles de conduite – un « moi psychopathe froid, intéressé et calculateur » (p. 131) qui n’a pas besoin de se préoccuper des autres pour savoir ce qu’il doit faire. Si, en épistémologie, Rorty proposait de rabattre la vérité sur la justification, il propose, en éthique, de rabattre la moralité sur la prudence : notre devoir consiste à accorder nos actions de telles manières à ce que celles-ci n’entrent pas en contradiction avec les actions de ceux que nous reconnaissons comme nos semblables.

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    Pour Rorty, la fonction de l’éducation est de socialiser de jeunes générations de façon à éviter qu’elles développent un « moi psychopathe » et à les amener à se montrer capables de reconnaître comme des semblables la part d’humanité la plus large possible. Pour Rorty, le développement de cette reconnaissance inclusive n’est pas quelque chose que l’on pourrait s’obtenir par l’argumentation : ce n’est pas avec des arguments que nous pourrons rendre plus inclusifs les antisémites, les racistes ou les homophobes. Ici, la raison ne suffit pas. Pour devenir plus inclusif, il faut être mis dans une situation amenant à reconnaître – on pourrait même dire à sentir – que telle ou telle catégorie de personne est semblable à nous. Le dispositif pédagogique que Rorty favorise pour mettre les étudiants dans de telles situations consiste à leur faire lire des récits écrits à la première personne – comme Le journal d’Anne Frank, Black Boy ou Le mystère du lac 4 » – des récits leur permettant d’être témoins de ce que vivent les juifs, les noirs ou les homosexuels et de sympathiser avec eux (p. 79).


    Étayant son argumentation de considérations historiques, Rorty suggère que le pragmatisme s’appuie sur la dimension humaniste de la philosophie des Lumières pour justifier une conception hégélienne de la philosophie comme pratique réflexive émancipatrice. Avec les premiers philosophes pragmatistes – avec James, Pierce et surtout Dewey – ce projet d’émancipation humaniste prend la forme d’une philosophie intégralement dévouée à la concrétisation d’une politique démocratique. Le présent ouvrage nous offre un exemple lumineux de la forme que peut prendre de nos jours ce type de philosophie – celle d’une philosophie qui nous invite à renoncer aux idées de péché, de Réalité et d’obligation universelle pour attirer notre attention sur celles de confiance, de solidarité et d’inclusivité.
    https://laviedesidees.fr/Rorty-Pragmatism-Anti-Authoritarianism.html
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  5. C’est comme si en informatique, l’enjeu premier était de ne pas prendre parti ou de ne pas faire de politique… Comme si tout n’était question que de paramètres à régler.

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    « Lorsqu’on entre dans le « monde réel », la perspective acquise grâce à ces formations en informatique s’intègre parfaitement à l’idéologie économique dominante. Après tout, qu’est-ce que le capitalisme néolibéral sinon un système organisé selon un cadre d’optimisation particulièrement étroit ? » « À l’école, on nous a dit que tout problème pouvait être résolu en tournant les boutons algorithmiques de la bonne manière. Une fois diplômés, cela se traduit par la conviction que, dans la mesure où la société a des défauts, il est possible d’y remédier sans changement systémique : si l’accumulation du capital est le seul véritable objectif et que le marché est un terrain de jeu infiniment malléable, il suffit de donner aux agents individuels les incitations appropriées. Pour réduire l’utilisation du plastique, ajoutez une surtaxe sur les sacs d’épicerie. Pour résoudre la crise du logement, relâchez les contraintes imposées aux promoteurs d’appartements de luxe. Pour contrôler la pollution, fixez un prix de marché en utilisant un système de plafonnement et d’échange. »

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    « Le péché originel du programme capitaliste est donc qu’il optimise non pas une certaine mesure du bien-être social ou de la satisfaction humaine, mais une quantité qui ne peut être qu’un lointain substitut de ces objectifs. Pour remédier aux dommages considérables causés par cette mauvaise formulation, les démocraties libérales d’aujourd’hui cherchent à concevoir un programme plus nuancé. Le profit constitue toujours le premier terme de l’objectif, mais il est désormais accompagné d’un éventail impressionnant de termes secondaires modifiables à l’infini : imposition progressive des revenus pour ralentir l’accumulation des richesses, taxes et subventions pigouviennes pour guider le comportement des consommateurs, et marchés d’émissions financiarisés pour freiner la désintégration rapide de la planète. Lorsque les carottes et les bâtons du marché ne suffisent pas, les gouvernements tentent d’imposer des réglementations, en introduisant des contraintes supplémentaires. Ces solutions politiques suivent précisément la même logique que les exercices qu’on nous propose en classe sur les réglages algorithmiques. »

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    L’informatique lui est bien supérieure, ironise l’ingénieur. « Elle enseigne les axiomes et les méthodes du capitalisme avancé, sans les questions politiques qui peuvent se poser en économie ou dans d’autres sciences sociales. Dans sa forme actuelle, l’informatique est un véhicule d’endoctrinement réussi pour l’industrie et l’État, précisément parce qu’elle apparaît comme leur contraire : un domaine sans valeur qui incarne à la fois des mathématiques rigoureuses et une ingénierie pragmatique. C’est le pourvoyeur idéal du réalisme capitaliste pour une époque sceptique ; une science de droite qui prospère dans notre ère post-idéologique. »

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    « La Silicon Valley n’existe pas dans un vide intellectuel : elle dépend d’un certain type de discipline informatique. Par conséquent, une refonte de la Silicon Valley par le peuple nécessitera une informatique « populaire » ». C’est-à-dire une autre informatique et une autre vision de l’informatique, soutient Jimmy Wu. Nous en sommes pourtant encore très loin. « Aujourd’hui, les départements d’informatique ne se contentent pas de générer le « réalisme capitaliste », ils sont eux-mêmes gouvernés par lui. » Le financement de la recherche en informatique est totalement dépendant des géants de l’industrie et de la défense. La recherche est guidée par les seules applications industrielles. Et tout ce beau monde nie que l’informatique contemporaine soit une entreprise politique (quelles que soient ses intentions apolitiques affichées). Pour remédier à ce brouillard idéologique étouffant, nous devrions construire une « informatique communiste », soutient Jimmy Wu. Il termine en l’esquissant à grand trait : à savoir que seuls les projets au service direct ou indirect des gens et de la planète devraient pouvoir être financés, en invitant à imaginer des algorithmes pour la planification économique participative, pour estimer le temps de travail socialement nécessaire, pour créer des chaînes d’approvisionnement locales…

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    Le paradigme de l’optimisation par les données et les capteurs réduit en fait la place des citoyens à n’être que les acteurs de leur propre surveillance. Ce paradigme réduit également la diversité, favorise les intérêts privés plus que publics. Mais surtout, l’optimisation efface le conflit, les divergences, les dissensus, les frictions… Or, dans la réalité, bien souvent, les gens luttent pour redéfinir les formes normatives que produisent les données, et trouver des espaces de discontinuité entre les données. La liberté ne consiste pas seulement à ne pas être surveillé, mais également réside dans la capacité d’avoir des approches différentes, d’être en désaccord avec des interprétations, de revendiquer un droit à la discontinuité

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    ce que nous rendons plus efficace rend toujours autre chose moins efficace. Que l’optimisation est toujours un choix qu’on peine à évaluer, dans ses coûts comme dans ses bénéfices. Dans son livre, Tenner observe l’apport ambigu de la techno sur la médecine, l’éducation et la connaissance pour souligner qu’il n’y a pas qu’une forme à l’efficacité, mais des formes qui s’imbriquent et se contrebalancent. Dans notre monde ultra rationnel, où domine le colonialisme comptable, où tout est converti en gains de productivité, l’historien pourtant bien peu radical, nous rappelle que l’inefficacité est parfois un bien meilleur chemin.
    https://www.internetactu.net/2021/06/28/quest-ce-que-linformatique-optimise
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