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    https://hubertguillaud.wordpress.com/...n-valley-plus-de-droite-que-de-gauche
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  2. >C’est ce ralentissement de la diffusion du savoir technique qui crée une économie de firmes superstars. Et ce ralentissement a des impacts sur la productivité, les inégalités… Pour Bessen, l’enjeu est d’améliorer le partage de l’information. 

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    > Une fois que les nouveaux leaders techniques sont apparus, la disruption décline. Et cette transformation du paysage compétitif a des conséquences majeures sur la croissance de la productivité, les inégalités et la politique. 

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    >“Dans des marchés différenciés par la qualité, les petites entreprises ont peu d’incitation pour améliorer leur qualité, car l’améliorer signifie être moins différencié de leurs rivaux, être confronté à une compétition plus forte” et donc, possiblement, faire moins de profits. De même, les grandes entreprises qui investissent dans la qualité coupent la croissance de leurs petits concurrents. Pour Bessen, la disruption décline parce que l’accès aux nouvelles technologies est limité. D’une manière contre-intuitive, avance-t-il, la diffusion technologique s’est ralentie. 

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    >Les systèmes logiciels donnent aux entreprises l’avantage de différencier leurs produits de leurs rivaux, mais ne leur permettent pas nécessairement d’augmenter la taille de leurs marchés. Pour cette raison, les firmes superstars ont peu d’intérêt à proposer des licences ou à partager leurs technologies. Cela a pour conséquence de limiter l’accès aux nouvelles techno et donc de rendre difficile l’essor de toute concurrence. Le problème de ce ralentissement est profond, prévient Bessen, pas pour les profits des firmes superstars bien sûr. Mais à terme, c’est la concurrence qui devient impossible. Mais plus encore, explique Bessen, à terme, les nouvelles entreprises peinent à innover, notamment parce que leurs employés ne peuvent plus acquérir des compétences essentielles qui ne sont disponibles que chez les firmes superstars. 

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    >si les firmes dominantes ne sont plus concurrencées voire concurrençables, c’est parce qu’elles ont accès à des technologies clefs qui ne sont pas accessibles à leurs rivaux.

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    >“votre salaire ne dépend pas seulement de la qualité ou de la quantité de travail que vous faites, de l’éducation que vous avez eu la chance de recevoir, mais de plus en plus de savoir pour qui vous travaillez”. Et les modèles de recrutement sont en train d’accélérer la ségrégation estime Bessen.

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    >“Les entreprises superstars ne font pas que saper la cohésion sociale, elles augmentent la ségrégation économique”. La ségrégation des travailleurs par compétence est allé croissante.

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    >nous assistons à une stratification inédite de la force de travail (sans compter qu’elle se stratifie également dans sa localisation, 21% venant des 10 plus grandes villes du monde…). Ce n’est pas seulement que les inégalités progressent, estime Bessen, le problème, c’est qu’elles cristallisent… alimentant un ressentiment puissant à l’égard des élites. 

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    >Le problème souligne Bessen, n’est pas que le logiciel soit complexe, c’est qu’il soit propriétaire. Le logiciel ouvert est bien moins ouvert aux abus. La lumière est bien souvent le meilleur désinfectant, disait déjà le juge à la Cour suprême américaine, pionnier de la concurrence régulée, Louis Brandeis. 

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    >La maîtrise logicielle, l’accaparement des données et des possibilités de traitements, la concentration autour de quelques acteurs clés est en passe de devenir indéboulonnables du fait des niveaux d’investissements inépuisables dont ils disposent. Elle ne se résoudra pas en leur demandant d’ouvrir un peu plus. Ils le font très bien. Ces acteurs savent très bien ce qu’ils ouvrent et ce qu’ils capitalisent par devers eux. Les entreprises superstars risquent de rester longtemps les maîtres d’un jeu dont elles décident de tous les paramètres. Et les investissements publics sont si peu à niveau, qu’on ne peut même plus penser qu’ils puissent en changer ou en orienter les règles.
    https://hubertguillaud.wordpress.com/...ut-on-reguler-le-capitalisme-supersta
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  3. C’est comme si en informatique, l’enjeu premier était de ne pas prendre parti ou de ne pas faire de politique… Comme si tout n’était question que de paramètres à régler.

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    « Lorsqu’on entre dans le « monde réel », la perspective acquise grâce à ces formations en informatique s’intègre parfaitement à l’idéologie économique dominante. Après tout, qu’est-ce que le capitalisme néolibéral sinon un système organisé selon un cadre d’optimisation particulièrement étroit ? » « À l’école, on nous a dit que tout problème pouvait être résolu en tournant les boutons algorithmiques de la bonne manière. Une fois diplômés, cela se traduit par la conviction que, dans la mesure où la société a des défauts, il est possible d’y remédier sans changement systémique : si l’accumulation du capital est le seul véritable objectif et que le marché est un terrain de jeu infiniment malléable, il suffit de donner aux agents individuels les incitations appropriées. Pour réduire l’utilisation du plastique, ajoutez une surtaxe sur les sacs d’épicerie. Pour résoudre la crise du logement, relâchez les contraintes imposées aux promoteurs d’appartements de luxe. Pour contrôler la pollution, fixez un prix de marché en utilisant un système de plafonnement et d’échange. »

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    « Le péché originel du programme capitaliste est donc qu’il optimise non pas une certaine mesure du bien-être social ou de la satisfaction humaine, mais une quantité qui ne peut être qu’un lointain substitut de ces objectifs. Pour remédier aux dommages considérables causés par cette mauvaise formulation, les démocraties libérales d’aujourd’hui cherchent à concevoir un programme plus nuancé. Le profit constitue toujours le premier terme de l’objectif, mais il est désormais accompagné d’un éventail impressionnant de termes secondaires modifiables à l’infini : imposition progressive des revenus pour ralentir l’accumulation des richesses, taxes et subventions pigouviennes pour guider le comportement des consommateurs, et marchés d’émissions financiarisés pour freiner la désintégration rapide de la planète. Lorsque les carottes et les bâtons du marché ne suffisent pas, les gouvernements tentent d’imposer des réglementations, en introduisant des contraintes supplémentaires. Ces solutions politiques suivent précisément la même logique que les exercices qu’on nous propose en classe sur les réglages algorithmiques. »

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    L’informatique lui est bien supérieure, ironise l’ingénieur. « Elle enseigne les axiomes et les méthodes du capitalisme avancé, sans les questions politiques qui peuvent se poser en économie ou dans d’autres sciences sociales. Dans sa forme actuelle, l’informatique est un véhicule d’endoctrinement réussi pour l’industrie et l’État, précisément parce qu’elle apparaît comme leur contraire : un domaine sans valeur qui incarne à la fois des mathématiques rigoureuses et une ingénierie pragmatique. C’est le pourvoyeur idéal du réalisme capitaliste pour une époque sceptique ; une science de droite qui prospère dans notre ère post-idéologique. »

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    « La Silicon Valley n’existe pas dans un vide intellectuel : elle dépend d’un certain type de discipline informatique. Par conséquent, une refonte de la Silicon Valley par le peuple nécessitera une informatique « populaire » ». C’est-à-dire une autre informatique et une autre vision de l’informatique, soutient Jimmy Wu. Nous en sommes pourtant encore très loin. « Aujourd’hui, les départements d’informatique ne se contentent pas de générer le « réalisme capitaliste », ils sont eux-mêmes gouvernés par lui. » Le financement de la recherche en informatique est totalement dépendant des géants de l’industrie et de la défense. La recherche est guidée par les seules applications industrielles. Et tout ce beau monde nie que l’informatique contemporaine soit une entreprise politique (quelles que soient ses intentions apolitiques affichées). Pour remédier à ce brouillard idéologique étouffant, nous devrions construire une « informatique communiste », soutient Jimmy Wu. Il termine en l’esquissant à grand trait : à savoir que seuls les projets au service direct ou indirect des gens et de la planète devraient pouvoir être financés, en invitant à imaginer des algorithmes pour la planification économique participative, pour estimer le temps de travail socialement nécessaire, pour créer des chaînes d’approvisionnement locales…

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    Le paradigme de l’optimisation par les données et les capteurs réduit en fait la place des citoyens à n’être que les acteurs de leur propre surveillance. Ce paradigme réduit également la diversité, favorise les intérêts privés plus que publics. Mais surtout, l’optimisation efface le conflit, les divergences, les dissensus, les frictions… Or, dans la réalité, bien souvent, les gens luttent pour redéfinir les formes normatives que produisent les données, et trouver des espaces de discontinuité entre les données. La liberté ne consiste pas seulement à ne pas être surveillé, mais également réside dans la capacité d’avoir des approches différentes, d’être en désaccord avec des interprétations, de revendiquer un droit à la discontinuité

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    ce que nous rendons plus efficace rend toujours autre chose moins efficace. Que l’optimisation est toujours un choix qu’on peine à évaluer, dans ses coûts comme dans ses bénéfices. Dans son livre, Tenner observe l’apport ambigu de la techno sur la médecine, l’éducation et la connaissance pour souligner qu’il n’y a pas qu’une forme à l’efficacité, mais des formes qui s’imbriquent et se contrebalancent. Dans notre monde ultra rationnel, où domine le colonialisme comptable, où tout est converti en gains de productivité, l’historien pourtant bien peu radical, nous rappelle que l’inefficacité est parfois un bien meilleur chemin.
    https://www.internetactu.net/2021/06/28/quest-ce-que-linformatique-optimise
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